" Je décide donc de mettre au point toute une série de procédures à respecter scrupuleusement afin que les indices récoltés sur le terrain le soient dans les meilleures conditions possibles, c'est à dire sans pollution."
Microanalyse et criminalistique
Les échantillons reçus par le Docteur Le Ribault et les dossiers qui lui sont soumis ne font que confirmer le constat désastreux de l'état de la police technique et scientifique française tel qu'il lui avait été rapporté par la DST. Les laboratoires interrégionaux de police scientifique sont inefficaces et dépassés. En effet, même les meilleurs spécialistes ne peuvent faire un excellent travail que si les échantillons qu'ils examinent sont de bonne qualité. Malheureusement, la plupart des pièces à conviction que Loïc Le Ribault reçoit posent problème car elles ont été prélevées de manière non rigoureuse et s'avèrent parfois inexploitables. La raison en est simple : les enquêteurs, qu'ils soient policiers ou gendarmes, ne sont pas formés aux techniques de prélèvement extrêmement méticuleuses requises pour exploiter les scellés au microscope électronique.
Dans le but d'améliorer les conditions de collecte des indices sur le terrain, Loïc Le Ribault décide de mettre en place toute une série de procédures à suivre scrupuleusement, afin d'éviter les contaminations.
En décembre 1985, il publie un document détaillé dans lequel il explique, avec des exemples concrets, ce qu'est la microanalyse, comment collecter les indices et quelles précautions prendre pour ne pas contaminer les scènes de crimes.
Les trois principes de base de la microanalyse
Il n'y a pas deux objets ou deux individus qui soient identiques
Tout objet et/ou individu porte les traces des événements qu'il a vécus et des endroits où il a été.
Deux objets ou individus en contact échangent des informations. Ce troisième principe a déjà été énoncé par Locard, mais n'a jamais été exploité depuis sa mort.
Le gel des lieux
Ce deuxième point est essentiel, en effet il est important d'empêcher toute personne non spécialisée d'accéder à la scène du crime, quel que soit leur statut, en attendant l'arrivée des experts sur le terrain.
Non pollution de la scène de crime
Ce troisième point concerne la Non Pollution de la Scène de Crime par les experts eux-mêmes. Puisque chaque individu modifie son environnement, Loïc Le Ribault conseil aux experts de porter une combinaison intégrale en plastique non pelucheux, un calot et des gants de chirurgien, ainsi que des couvre-chaussures en plastique pour éviter de contaminer la scène.
Méthodologie méticuleuse
Le tamponnoir
Au cœur de cette révolution, nous retrouvons le tamponnoir, un ustensile innovant permettant de prélever avec précision les particules superficielles présentes sur n'importe quel objet ou corps. Grâce à sa pastille d'aluminium équipée d'un adhésif double-face, le tamponnoir permet d'éviter toute pollution entre le prélèvement et l'étude au laboratoire. Une invention si novatrice qu'elle a été brevetée, témoignant de son efficacité et de son caractère unique. Dans ce document, Loïc Le Ribault préconise la réalisation de prélèvements systématiques sur le terrain, lors d'une autopsie et sur les suspects, en attendant que l'affaire s'éclaircisse. Parmi les prélèvements conservatoires cités, nous retrouvons la saisie des cheveux de la victime, le curage des ongles, le tamponnement des mains et la saisie des vêtements. Cette méthode permet ainsi de recueillir des indices précieux qui pourraient faire la différence dans la résolution de l'affaire.
La mallette de Prélèvements Pour Microanalyse
Pour faciliter et optimiser ces prélèvements sur le terrain, une mallette de prélèvement va être crée et distribuée par le Dr. Loïc Le Ribault, qu'il baptise la valise P.P.M. (Prélèvements Pour Microanalyse). Une mallette méticuleusement conçue, renfermant tous les accessoires et instruments indispensables pour réaliser des prélèvements de manière efficiente. Grâce à cette valise, les enquêteurs peuvent désormais intervenir sur le terrain avec la certitude de disposer de tous les outils nécessaires à leur tâche.
Le véhicule d'intervention
Et enfin, le véhicule d'intervention est conçu par Loïc Le Ribault. Doté d'un matériel d'analyse de pointe et utilisé par des techniciens qualifiés, ce véhicule est une véritable innovation dans le domaine de la résolution d'affaires criminelles. Salué comme une prouesse lors du salon Milipol en novembre 1987, cet équipement permet d'effectuer des analyses en temps réel et de traiter les indices recueillis sur place. Une avancée majeure qui réduit considérablement le temps d'attente et d'analyse, et permet de résoudre les affaires plus rapidement.